L’autisme chez les filles est different

L’autisme chez les filles

On me demande souvent pourquoi on m’a diagnostiqué l’autisme si tard dans ma vie, et pourquoi on ne l’a pas décelé quand j’étais enfant. Il y a deux raisons principales. La première est que j’ai grandi en France, un pays qui a des décennies de retard dans la compréhension et l’acceptation de l’autisme. Même aujourd’hui, en France, en 2021, les familles doivent lutter contre le système pour obtenir un diagnostic et recevoir des thérapies pour leurs enfants, même ceux qui sont gravement autistes. La deuxième raison est que je suis une fille. En effet, l’autisme chez les filles est plus difficile à repérer. En général, les femmes cachent mieux leurs symptômes, ce qui rend l’autisme chez les filles moins évident pour un œil non averti, et même pour certains observateurs qualifiés.

Par conséquent, les filles sont diagnostiquées autiste beaucoup moins souvent que les garçons. Même lorsqu’il est correctement diagnostiqué, l’autisme chez les filles est moins fréquent. Pour être exact, un garçon sur 37 et une fille sur 151 sont diagnostiqués comme étant atteints d’un trouble du spectre autistique. Les femmes ont également tendance à être diagnostiquées plus tard dans leur vie que les hommes. Ce fut le cas pour moi, dont le diagnostic a été posé à 26 ans. Si vous êtes ici parce que vous vous demandez si vous êtes autiste ou non, vous pouvez lire mon billet sur les signes et symptômes de l’autisme de haut niveau chez les adultes. Mais aujourd’hui, je veux vraiment me concentrer sur les différences entre l’autisme chez les filles et chez les garçons.

Le camouflage de l’autisme

Certaines personnes, comme moi, deviennent douées pour dissimuler leurs difficultés et efficaces pour imiter un comportement social normatif. C’est ce qu’on appelle parfois le camouflage de l’autisme. Nous faisons tous de petits ajustements pour mieux nous adapter à nos pairs et pour nous conformer aux normes sociales, mais le camouflage de l’autisme est un tout autre niveau d’ajustement. Pour moi, cela signifie un effort constant et élaboré. Cela me permet de mener une vie plus ou moins « normale », mais a a un coût. Je suis souvent physiquement épuisée, sur les nerfs et anxieuse. Je pense que c’est pour cela que ça fait mal quand on me dit que je n’ai pas l’air autiste. Même si c’est souvent ce que je veux, je me sens dédaignée parce que les gens n’ont aucune idée de la quantité de travail nécessaire pour avoir l’air « normal » et s’intégrer.

Vous trouverez ci-dessous des exemples de différences entre les filles et les garçons en matière d’autisme. N’oubliez pas que chaque personne autiste est unique.

Quelles sont les cinq différences entre l’autisme des garçons et celui des filles

1 – Recherche basé sur l’étude des garcons

Une grande partie des outils utilisés pour diagnostiquer l’autisme proviennent de l’étude des garçons. C’est le cas de ce que les experts appellent les « comportements répétitifs et restreints » comme l’alignement des objets, la fascination pour les rouets ou les parties singulières d’objets, ou les obsessions pour, par exemple, les trains. Les recherches montrent maintenant que les filles ont des comportements répétitifs plus légers, ou parfois simplement différents.

2 – Comportement moins flagrant

Les garçons ont tendance à être plus agressifs, tandis que les filles sont plus repliées sur elles-mêmes et plus passives. Elles peuvent sembler trop timides. Cela s’applique sans aucun doute à moi, et il est plus difficile de savoir ce qui se passe pathologiquement lorsque la personne présente, tout simplement, moins de comportements observables de l’extérieur.

3 – Centres d’Intérêt plus commun chez les filles

Les filles autistes ont tendance à s’intéresser fortement à des choses considérées comme plus courantes, comme le sport et la musique. Mon obsession était le foot. Les garçons peuvent avoir des centres d’intérêt très marqués, mais un peu plus originaux.

4 – Le camouflage de l’autisme

Les filles sont plus susceptibles d’apprendre à cacher leurs symptômes. Elles sont plus à même de copier le comportement social pour s’intégrer. Je suis devenue assez douée pour cela. C’est le camouflage de l’autisme dont je parlais.

5 – Angoisse cachée

Les filles autistes sont aussi plus douées que les garçons de gérer fonctionnellement leur anxiété et leurs dépressions. Une autre lutte souvent invisible cependant.

En bref…
Selon le dernier DSM-5, pour recevoir un diagnostic de trouble du spectre autistique, il faut maintenant que la personne ait des comportements répétitifs et des obsessions. La nature moins évidente des obsessions des filles et notre capacité à mieux cacher nos symptômes que les garçons sont, selon moi, les principales raisons pour lesquelles les filles sont moins souvent diagnostiquées autistes que les garçons. Il y a également une plus grande chance de ne pas être diagnostiqué lorsque les filles ont un QI moyen ou supérieur. À moins que les filles ne soient gravement autistes et ne souffrent également d’une déficience intellectuelle, il est probable qu’elles ne soient pas diagnostiquées avant leur adolescence ou leur âge adulte. J’espère qu’à l’avenir, des échelles d’autisme différentes seront utilisées pour diagnostiquer l’autisme chez les filles et les garçons, ou d’autres mesures pour tenir compte de ces différences inhérentes.